Lac d’origine glaciaire, le lac d’Aiguebelette a été formé il y a environ 19 000 ans par le retrait du grand glacier alpin du quaternaire. Depuis la Préhistoire, il est marqué par la présence de plusieurs occupations humaines. Découvrez son histoire !
Sa formation géologique
Sur le plan géologique, le lac d’Aiguebelette est d’origine fluvio-glaciaire. Orienté nord-sud, il est bordé à l’est par l’anticlinal de l’Epine composé de calcaires d’âge jurassique et à l’ouest, par l’anticlinal du Mont Tournier. Le lac occupe une dépression de surcreusement glaciaire dans les molasses du miocène du synclinale de Novalaise.
Le lac d’Aiguebelette est apparu il y a environ 19 000 ans lors du retrait du grand glacier alpin du quaternaire. Mais ce mécanisme de formation qui est très comparable aux autres grands lacs alpins résulte de processus très anciens qui nous ramènent il y a environ 200 millions.
- Il y a environ 200 millions d’années, en raison de la dérive des continents, la région se situait en zone tropicale. Elle était alors recouverte par une mer chaude et peu profonde au fond de laquelle les fragments de squelettes et de coquilles d’organismes marins vont se déposer pendant plus d’une centaine de millions d’années et former d’épaisses couches de calcaire (Fossiles marins et dents de requins retrouvés dans la montagne témoignent de cette période).
- À l’ère tertiaire, les reliefs commencent à se former. Il y a environ 25 millions d’années, la poussée alpine entraîne la compression des couches sédimentaires. Les premiers plissements apparaissent. L’érosion des Alpes naissantes apporte aussi de grandes quantités de matériaux qui s’accumulent sur les couches calcaires et vont constituer une épaisse couche de molasse (Argiles, sables, graviers, galets cimentés par les eaux calcaires). Peu à peu la mer se comble et le relief se met en place.
Il y a 5 millions d’années, une nouvelle poussée Alpine achève de former les chaînes du Jura. Le plissement des couches de calcaire et de molasse s’accentue. Localement, des zones de ruptures (failles) apparaissent et la montagne de l’Epine finit sa formation. Elle constitue l’un des derniers chaînons méridional du massif jurassien. La mer a alors totalement disparu et les débris de l’érosion des Alpes continuent de s’accumuler dans le bassin molassique.
- Entre – 800 000 et – 30 000 ans environ, plusieurs grandes époques glaciaires se sont succédées. Les glaciers alpins ont ainsi envahi la région à plusieurs reprises et façonné le relief.
- De – 70 000 à – 30 000 ans, lors de la dernière grande période glaciaire (Würm), la région est recouverte par les glaciers de l’Arve et de l’Isère qui atteignent plus de 1000 m d’épaisseur, débordant le massif de l’Épine entre Château Richard et le mont Grêle. Ils creusent profondément la molasse (du sable cimenté par du calcaire), créant une cuvette étanche aussi appelée dépression ou ombilic. Au sud, la langue glaciaire a été bloquée par le verrou rocheux du Gué des Planches, fermant la cuvette.
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Après cette période, les glaciers commencent à fondre, laissant de grands lacs qui vont peu à peu se retirer. Celui d’Aiguebelette, plus vaste qu’aujourd’hui, a été progressivement comblé par les alluvions fins et les écroulements de rochers. C’est l’œuvre de l’érosion.
Le comblement très lent du lac continue de nos jours.
Occupation humaine
Préhistoire
Les premières traces d’occupation humaine relèvent du Néolithique final, il y a plus de 5 000 ans. En effet, plusieurs vestiges d’habitations sur pilotis, appelées villages palafittiques, attestent d’une présence humaine sur les berges du lac dès cette époque. Depuis le XIXème siècle, les différentes campagnes de fouilles archéologiques ont révélé la présence de 18 sites palafittiques dans les eaux peu profondes des berges du lac d’Aiguebelette. Les plus anciens, “Beau-Phare” sur la commune d’Aiguebelette-le-Lac et celui du “Gojat” sur la commune de Novalaise, sont tous les deux classés Monuments Historiques de France. Le site de “Beau-Phare” est d’autre part inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Antiquité et Moyen-Âge
Durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, la région du lac d’Aiguebelette a été tantôt un lieu de passage d’Ouest en Est, tantôt un pays en marge. Une voie romaine passait par la rive Sud du lac avant de gravir la côte du col Saint-Michel et de redescendre sur Chambéry qui s’appelait alors Lemencum. Cet itinéraire, direct, mais escarpé, était concurrencé par d’autres voies au nord (col du Chat) et au sud (Les Échelles), sans doute plus fréquentées si l’on en croit la pauvreté des vestiges archéologiques romains trouvés à Lépin-le-Lac en comparaison à ceux trouvés sur la route des Échelles.
Époque contemporaine
Avant 1860, le Lac d’Aiguebelette n’est pas situé en France, mais dans le duché de Savoie au sein du Royaume de Sardaigne, à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec la France, délimitée par le Guiers. Au XVIIIème siècle, de nombreux contrebandiers occupent la montagne de l’Épine dont le plus connu est Mandrin. Après l’annexion de la Savoie en 1860, la propriété du lac revient au Comte de Chambost de Lépin-le-Lac.
L’isolement relatif du lac d’Aiguebelette est rompu en 1884 par l’ouverture de la ligne de chemin de fer Lyon-Chambéry. Entre 1880 et 1884, le tunnel ferroviaire de l’Épine, long de 3 310 mètres, est percé entre les gares d’Aiguebelette-le-Lac et de Saint-Cassin-la-cascade. L’arrivée du chemin de fer favorise le développement d’une petite activité touristique : les hôtels-pensions-restaurants se multiplient. Les Lyonnais forment une grosse partie de la clientèle et l’on voit apparaître également un certain nombre de résidences secondaires.
À l’issue de la guerre, la décision de nationaliser les industries électriques et gazières conduit au transfert de propriété de la partie nord du lac à la nouvelle société nationale Electricité de France (EDF) en 1946. Par ailleurs, durant l’après-guerre se développent les activités touristiques, dominées par le camping et le caravaning, et de nombreuses aires d’accueil sont installées autour du lac.
En 1974, la circulation est ouverte sur l’autoroute A43 qui relie Lyon à Chambéry en passant près de la rive nord du lac avant de s’enfoncer dans un nouveau tunnel creusé sous la montagne de l’Épine. Cette autoroute permet un accès plus facile au lac le rapproche davantage de l’agglomération chambérienne. Au début du XXIème siècle, la population des communes du territoire qui avaient connu une décroissance constante correspondant à l’exode rural repart à la croissance.
Pour en savoir plus sur l’histoire de la propriété du lac et de ses enjeux économiques et industriels, télécharger ICI la note explicative rédigée par M. Jean-Charles Marcel, Président de l’association Mémoire des Communes de l’Avant Pays Savoyard.