La couleur d’un lac résulte de la combinaison de la couleur même de l’eau pure, des substances dissoutes et des propriétés optiques des particules présentes dans l’eau. Ainsi, d’un lac à un autre les couleurs peuvent être très différentes et cette même couleur va évoluer au cours des saisons en fonction des mécanismes internes au lac.

L’eau pure, lorsqu’elle est observée sur une faible épaisseur, apparaît transparente et incolore mais elle devient de plus en plus bleue lorsque la couche d’eau observée s’épaissit. Cette couleur bleue est causée par la différence d’absorption, par les molécules d’eau, des longueurs d’ondes de la lumière visible (le rouge est absorbé en premier, puis le jaune, le vert et enfin le bleu).

Ce sont par contre les particules associées à l’eau (algues microscopiques, grains de calcaire, particules organiques…) qui permettent la réflexion et la modification de la lumière incidente. La présence de ces particules explique que les eaux des lacs reflètent la couleur du ciel, tandis que leur quantité et leur nature (ou « turbidité ») limitent sa transparence et en modifient sa couleur. Dans certains cas, des proliférations d’algues microscopiques peuvent conduire à des colorations très marquées.

C’est donc cette alchimie entre eau pure, type et quantité de particules va donner la couleur d’un lac. Pour Aiguebelette, le lac passe d’un gris sombre en hiver au vert émeraude en été. C’est cette couleur qui est aujourd’hui l’une de ses caractéristiques les plus connues compte-tenu de l’intensité du phénomène. Elle est liée au développement de certaines espèces d’algues microscopiques (plancton végétal) et à la transformation du calcaire dissous en micro particules (Calcite).

En effet, pendant les périodes froides, le carbonate de calcium reste dissous dans l’eau. Quand l’ensoleillement et la température de l’eau augmentent, l’activité de photosynthèse s’amplifie, le plancton végétal se développe, la teneur en dioxyde de carbone (CO2) diminue et l’eau devient moins acide entraînant la précipitation du carbonate de calcium sous forme de très petites particules solides, la calcite. Ces cristaux de calcite vont alors recouvrir les algues microscopiques les plus petites dont une grande partie intègre des pigments chlorophylliens vert. La lumière du soleil diffusée par ces cristaux donne alors une apparence blanchâtre à l’eau et une couleur vert émeraude.

Sous l’effet du soleil et de l’augmentation des températures, le phénomène va démarrer au printemps. Il s’accompagne d’ailleurs d’une baisse de la transparence des eaux du lac puisque vous aurez remarqué que c’est en hiver, lorsque la production de plancton est la plus faible que la transparence de l’eau est la plus importante.