Le lac d’Aiguebelette a toujours été réputé par la qualité et la pureté de ses eaux. Cette réputation n’est aucunement usurpée et la préservation de cette qualité est un enjeu essentiel pour le territoire au regard des usages du lac et se son attractivité.

Mais caractériser la qualité des eaux d’un lac n’est jamais un exercice simple puisque cela peut faire référence à des définitions diverses, des appréciations subjectives et dépendre de ce que l’on souhaite mettre en évidence.

C’est pour cela que la qualité des eaux doit être appréhendée au regard de deux questions :

  • Le bon état du lac => Le milieu lacustre présente-t-il des dysfonctionnements ?
  • La qualité de l’eau répond-elle aux services socio-économiques attendus ? (Production d’eau potable, baignade, activités nautiques…)

La notion de bon état est définie par la Directive Cadre Européenne sur l’eau (DCE), la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA), et plusieurs arrêtés et circulaires. On détermine l’état d’un lac à partir de l’évaluation de son état écologique et de son état chimique.

Pour le lac d’Aiguebelette, comme pour les autres grands lacs alpins, un suivi scientifique annuel est en place depuis 1988 ! Aujourd’hui confié à l’INRAE (Cellule Hydrobiologique de Thonon-les-Bains), l’objectif de ce suivi est de caractériser l’évolution “trophique” du lac c’est à dire le niveau d’enrichissement du milieu par les apports en éléments fertilisants que sont notamment l’Azote et surtout le Phosphore.

Ce suivi s’appuie sur des prélèvements et des mesures qui portent en autres sur les concentrations en Azote et phosphore des eaux du lac, la transparence de l’eau, les populations de phytoplancton, les teneurs en oxygène. Il permet de caractériser l’état écologique de la masse d’eau.

Il faut bien comprendre que l’une des problématiques majeurs pour les grands lacs qui a été observée sur de nombreux plans d’eau depuis les années 1960, réside dans les apports en phosphore issu du bassin versant (apports liés aux rejets domestiques, aux activités agricoles ou autres apports naturels) qui peuvent enrichir le milieu jusqu’à provoquer des dysfonctionnements au sein de l’écosystème. On parle d’eutrophisation.

De manière très schématique, un apport excessif d’azote mais surtout de phosphore dans le lac peut provoquer un développement important des algues notamment planctoniques (phytoplanctoniques) et plus généralement de la biomasse jusqu’à créer des déséquilibres du milieu aquatiques et des effets sur le fonctionnement de l’écosystème et les usages du plan du lac.

C’est notamment ce qui a pu être observé au lac du Bourget ou encore au lac Léman à partir des années 1970 avec notamment :

  • des effets sur les populations de poissons nobles caractérisés par une diminution très importantes des Lavarets et Ombles Chevalier  en lien avec une baisse des teneurs en oxygène dans les zones profondes.
  • des problèmes de production d’eau potable avec l’apparition d’espèces planctoniques parfois toxiques.
  • des gênes pour la pratique de la baignade et la navigation avec entre autres une diminution de la transparence des eaux.

Le lac d’Aiguebelette n’a jamais connu ces problèmes et le suivi en place depuis 20 ans n’indique aucune dégradation du niveau trophique, c’est à dire aucune tendance à l’eutrophisation du milieu. 

Ce bon état est lié à un niveau d’apport en azote et phosphore depuis le bassin versant qui semble limité et qui résulte notamment d’une politique volontariste de la CCLA de réduction des risques de pollution domestique à travers le renforcement et la sécurisation des réseaux d’assainissement collectif. Cependant le lac reste vulnérable au risque d’eutrophisation. Il est donc essentiel pour la CCLA de maintenir ce suivi et cette veille.

Pour tout savoir sur le suivi du lac d’Aiguebelette et son évolution télécharger le dernier rapport de l’INRAE.


Concernant l’état chimique des eaux du lac et la recherche d’éléments toxiques (métaux lourds, Hydrocarbure aromatique Polycyclique, Pesticides, PCB etc….) plusieurs études ont été réalisées en lien avec l’Université de Savoie, l’Agence de l’Eau, l’Organisme Français de la Biodiversité (OFB). Des recherches spécifiques ont notamment porté sur l’incidence potentielle du réseau autoroutier. Par ailleurs, des inventaires très complets portant sur la recherche de plus de 215 molécules à la fois dans l’eau et les sédiments du lac ont été menées dans le cadre d’un programme de recherche pilotée par l’Agence de l’Eau. Avec les services de l’OFB, d’autres études ont été réalisées sur les concentrations dans les chairs de poissons susceptibles d’accumuler certains éléments polluants.

Au regard de l’ensemble de ces travaux, la très grande majorité des éléments recherchés présentait des concentrations inférieures aux seuils de quantification des systèmes d’analyse. Pour les autres, si leur présence a bien été détectée, aucune contamination significative n’a été mise en évidence. Le lac d’Aiguebelette est aujourd’hui en “bon état” et la qualité de ces eaux permet de satisfaire pleinement l’ensemble des usages.

Concernant plus spécifiquement la production d’eau potable et la baignade, des mesures complémentaires sont réalisées conformément aux dispositions réglementaires en vigueur avec un contrôle très rigoureux de l’Agence Régionale de santé (ARS). Pour la production d’eau potable, l’eau captée dans le lac est régulièrement analysée. Les contrôles de cette eau brute sont très pointus et portent sur de nombreux paramètres physico-chimiques, chimiques et bactériologique avec une exigence de qualité absolue pour garantir la sécurité sanitaire des usagers. Aujourd’hui, les eaux du lac présentent un niveau de qualité remarquable qui permet au Syndicat des Eaux du Thiers de la distribuer sans aucun traitement préalable. Une situation exceptionnelle pour ce type de ressource.

Pour la baignade, plusieurs campagnes de mesures portant principalement sur les paramètres bactériologiques sont réalisées dans la zone de baignade, avant et durant la saison d’ouverture des plages. Des contaminations sont toujours possibles notamment via des dysfonctionnements sur le réseau d’assainissement ceinturant le lac, mais ces évènements sont exceptionnels. Depuis de nombreuses années, la qualité des eaux de baignade sur chacun des sites contrôlés, est classé “Bonne” à “Excellente”.

Télécharger les fiches de synthèse de la qualité des eaux de baignade du lac d’Aiguebelette pour 2019.