Hydroélectricité
Dès le début du XIXème siècle, l’utilisation énergétique des eaux du lac d’Aiguebelette via son exutoire, le ruisseau du Thiers, a constitué un enjeu important pour le fonctionnement de petites industries implantées en contrebas, sur la commune de La Bridoire.
Mais, c’est en 1911 que le lac devient une véritable ressource pour la production d’électricité. Construite par la société Hydroélectrique de La Bridoire (SHEB) en vertu d’une autorisation préfectorale en date du 8 juillet 1909, la prise d’eau du Thiers (Gué des Planches) alimente la centrale hydroélectrique de La Bridoire via une galerie de 1,7 km de long puis deux conduites forcées de 240 mètres. La hauteur de chute est de 124,50 mètres et cette énergie potentielle est donc transformée en énergie électrique via plusieurs turbines. Il est à noter qu’une deuxième prise d’eau, beaucoup moins importante, installée sur le ruisseau du Rondelet (commune de Dullin) complète l’alimentation en eau de la centrale.
Initialement, la création de la centrale avait pour objectif d’alimenter le tramway électrique de Lyon en complément de la chute de Pomblière située entre Moûtiers et Bourg Saint Maurice.
En 1946, dans le cadre de la loi de nationalisation, l’exploitation de la chute d’eau et de la centrale a été confiée à EDF qui engage en parallèle, de grands chantiers en Savoie (Tignes, Roselend) et lance une première campagne de modernisation en 1950 afin d’assurer la sûreté de l’installation.
Aujourd’hui, en plus d’être propriétaire de la moitié du lac, EDF est toujours exploitant de la centrale et titulaire du titre de concession de la chute d’eau jusqu’en 2034.
Avec une hauteur de chute de 124,50 m, un débit maximal turbiné de 7 m3/s et une puissance maximale de 7 MW, la centrale produit environ 14 500 MWh, soit la consommation résidentielle d’une ville d’environ 6 000 habitants.
L’hydroélectricité est la première des énergies renouvelables sans émission de CO2. Elle contribue à la lutte contre le changement climatique. Bien qu’il s’agisse d’une petite unité de production, le fonctionnement de la centrale hydroélectrique de La Bridoire participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
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Régulation des niveaux du lac
Le fonctionnement de la prise d’eau du Thiers a nécessairement un effet sur la variation des niveaux du lac et peut donc impacter sur l’écosystème lacustre et les autres usages du plan d’eau. Aussi, l’exploitation hydroélectrique est encadrée par un arrêté préfectoral dit “Règlement d’eau” qui fixe sur l’année, les niveaux du lac (valeur cible) qu’EDF doit essayer de maintenir par une gestion anticipée (sous réserve des incidents d’exploitation ou des aléas climatiques : épisodes pluvieux, sécheresse…).
Les niveaux du lac sont donc régulés “artificiellement”. Ils sont établis comme suit :
Périodes Niveau cible (NGFA)
- 1er janvier au 15 janvier : 373,50 m
- 16 janvier au 15 mai : 373,90 m
- 16 mai au 15 juin : 373,50 m
- 16 juin – 15 septembre : 373,70 m
- 16 septembre – 30 novembre : 373,30 m
- 1er décembre – 31 décembre : 373,50 m
Ces valeurs ont été établies de manière concertée afin de tenir compte notamment :
- du risque d’inondation de la zone littorale. En période de fortes précipitations, EDF assure un rôle préventif de gestion de crue via le contrôle de l’élévation des niveaux du lac.
- de la préservation et du développement des roselières aquatiques en ménageant, en fin d’été, des phases d’abaissement pour exonder les zones littorales.
- de la reproduction du poisson dans les zones de végétation littorale submergées.
- des activités touristiques et sportives liées à l’eau
La gestion des niveaux du lac par EDF est entièrement automatisée. Un capteur mesure en permanence la cote du lac. En fonction de l’écart par rapport à la valeur cible, l’automate déclenche ou ne déclenche pas le fonctionnement de la prise d’eau.
Il est à noter que dans les périodes de forte sécheresse et de températures élevées, le niveau du lac peut descendre en deçà de la valeur cible. Bien que le turbinage soit à l’arrêt le lac peut alors continuer à baisser. C’est notamment ce qui s’est produit lors de la canicule de 2003 où le niveau du lac du lac était inférieur de près de 60 cm inférieur à la valeur fixée en été.
Bien qu’artificialisée et décalée des cycles hydrologiques naturels, la régulation des niveaux du lac a donc permis de concilier les objectifs de préservation des milieux aquatiques avec les enjeux touristiques et économiques liés aux usages du plan d’eau.
Néanmoins, une attention particulière est aujourd’hui portée à la préservation et à la dynamique de développement des roselières aquatiques qui jouent un rôle majeur dans le maintien des équilibres biologiques des lacs. Ainsi, et en fonction du résultat des études qui doivent être lancées sur Aiguebelette, de nouvelles réflexions pourraient être engagées sur l’optimisation de cette régulation.